Ayez pitié, ayez pitié de moi,
A tout le moins, s'il vous plaît, mes amis !
En fosse gis, non pas sous houx ne mai,
En examen auquel je suis bien mis
Par Justice, comme Dieu l'a permis.
Républicains, jeunes gens et nouveaux,
Danseurs, sauteurs, faisant les pieds de veaux,
Vifs comme dards, aimant, comme aiguillon,
Euros tintant clair comme or nouveau,
Le laisserez là, le pauvre Fillon ?
Faux assistants à plaisance, sans loi,
Galants riant, plaisants en faits et dits,
Coureux allant francs de faux or, d'aloi,
Gens d'esperit, un petit étourdis,
Trop demourez, car il meurt entandis.
Faiseurs de lois, de décrets et cadeaux,
Quand mort sera, vous lui ferez chaudeaux !
En geôle n'entre éclair ne tourbillon :
De murs épais on lui fera bandeaux.
Le laisserez là, le pauvre Fillon ?
Venez le voir en ce piteux arroi,
Nobles hommes, francs de quart et de dix,
Qui ne tenez d'empereur ne de roi,
Mais seulement des électeurs, pardi ;
Jeûner lui faut dimanches et mardis,
Les dents avait plus longues que râteaux ;
Après pain sec, non pas après gâteaux,
En ses boyaux verse eau à gros bouillon ;
Bas en terre, table n'a ne tréteaux.
Le laisserez là, le pauvre Fillon ?
Princes nommés, anciens, jouvenceaux,
Implorez grâces et hollandais sceaux,
Et me montez en quelque corbillon.
Ainsi le font, l'un à l'autre, pourceaux,
Car, où l'un brait, ils fuient à monceaux.
Le laisserez là, le pauvre Fillon ?